Plus personne ne pense qu’arrêter l’héroïne ou arrêter de boire n’est qu’une question de volonté, de discipline ou d’intelligence. Pourtant on continue à penser qu’il suffit de le vouloir pour arrêter de manger des sucreries, des pâtes, des chips ou des cacahuètes. Julia Ross, justement, vient des cliniques de désintoxication, les vraies. Et depuis plus de vingt ans, elle applique cette expérience non seulement à des toxicomanes ou à des alcooliques, mais aussi à des anorexiques, à des boulimiques, à des personnes qui ont des problèmes de poids, et même à des personnes qui ont des problèmes d’humeur – qui sont déprimés, ou trop agités, ou fatigués, ou trop tristes.
C’est que des mécanismes semblables contrôlent toutes ces dépendances. Le cerveau a un besoin vital de sucre, mais aussi de quatre neurotransmetteurs qui régulent les humeurs. Lorsqu’il manque d’un de ces éléments, il exige qu’on y pallie. Selon les individus, ce peut être le mécanisme d’une boulimie, d’un alcoolisme, d’une dépression, ou d’un simple problème de poids. Par exemple, l’inanition fait planer les anorexiques, en générant des endorphines, de l’opium naturel. L’alcool ou les sucreries font remonter le taux de sucre des hypoglycémiques. Le café donne un coup de fouet à certains, qui n’arrivent pas à se réveiller sans cela.
Or, nous dit Julia Ross, quand le cerveau crie famine, il suffit de lui procurer les bons acides aminés pour l’apaiser, car ces acides aminés permettent au corps de fabriquer immédiatement les neurotransmetteurs dont il a besoin. Un acide aminé, la L-glutamine, peut même se substituer au glucose comme carburant du cerveau. Du coup, cinq acides aminés constituent le cœur de l’arsenal de Julia Ross pour traiter ses patients : car il peuvent mettre un terme en quelques heures, et parfois même quelques minutes, aux fringales et aux envies incontrôlables.
La L-glutamine permet donc de répondre aux problèmes d’hypoglycémie. Le 5-HTP permet de produire la sérotonine, anti-dépresseur naturel. La D-phénylalanine est le principal aminé favorisant la production d’endorphines, nos anti-douleurs et euphorisants naturels. La tyrosine permet de produire nos stimulants naturels, les catécholamines (i.e. adrénaline, noradrénaline et dopamine). Et le GABA est lui-même un espèce de Valium naturel. Toutes ces substances sont en vente libre, essentiellement inoffensives (en dépit de quelques contre-indications), et permettent très souvent de reconquérir rapidement une liberté qu’on ne savait souvent pas qu’on avait.
Moi, par exemple, j’étais un junkie des pâtes. On pouvait bien m’appeler à la modération (et on ne manquait pas de le faire), mais il était aussi impensable pour moi de consommer 60 g de pâtes et de m’arrêter là, que pour un alcoolique de prendre juste un petit verre à l’apéro. Littéralement, je mangeais jusqu’à m’en faire éclater, sans réel contrôle. En utilisant principalement la DLPA et le 5-HTP, j’ai pu me désintoxiquer très rapidement. Et maintenant, je me sens par rapport aux pâtes comme par rapport à la cigarette. Je les regarde en me disant : mais qu’est-ce que j’ai bien pu leur trouver ?
Remarque importante : les acides aminés permettent de contrôler les fringales si, et seulement si on mange suffisamment. Dans la méthode de Julia Ross, il est donc absolument essentiel de ne pas limiter son apport en calories, et de ne pas sauter de repas. Grâce aux compléments alimentaires qu’elle recommande, on peut se défaire des dépendances. Du coup, on retrouve (ou pour certains, on découvre) la régulation naturelle de l’appétit. On peut écouter son corps pour savoir si on a besoin de manger ou pas.
Les acides aminés permettent de contrôler les fringales, mais la plupart du temps, ces fringales ont une cause plus profonde. C’est pourquoi la méthode de Julia Ross consiste avant tout en l’élimination des déséquilibres physiologiques qui sont la cause réelle des problèmes de poids et des troubles du comportement alimentaire. Dans son livre, The Diet Cure, dont votre serviteur signe une adaptation française à paraître en janvier aux éditions Thierry Souccar, Libérez-vous des fringales, Julia Ross identifie huit déséquilibres qui peuvent être les vraies causes des problèmes de poids :
1- Les régimes (voir à ce sujet le post sur le rapport du Prof. Lecerf)
2- La régulation de la glycémie
3- L’épuisement des surrénales
4- Les faiblesses thyroïdiennes
5- Les sensibilités alimentaires, ou allergies cachées
6- Les perturbations hormonales
7- La prolifération des levures
8- Les carences en acides gras
Si la suppression immédiate, symptomatique, des fringales, se fait grâce aux acides aminés, leur suppression définitive suppose d'éliminer leur cause, donc le plus souvent un ou plusieurs de ces huit déséquilibres. Cela se fait la plupart du temps par une approche nutritionnelle. Si les déséquilibres sont graves cependant, une aide médicale et médicamenteuse peut être requise. Mais le plus souvent, une réforme de l'alimentation (qui ne repose JAMAIS sur la restriction calorique) et un programme de supplémentation adaptés suffisent à réguler définitivement un métabolisme perturbé.
Les principes de base de la réforme alimentaire selon Julia sont simples : suffisamment de protéines à tous les repas, beaucoup de bonnes graisses, trois repas par jour sans jamais se restreindre ou sauter un repas, quatre portions de légumes par jour, frais de préférence, pas de sucreries, et des glucides en complément si on a encore faim après les protéines, le gras et les légumes -- pas comme base de l'alimentation. Un multivitamines est nécessaire (et elle recommande True Balance de NOW Foods, quatre par jour, avec un complément de calcium et de magnésium) comme part d'une alimentation saine. Les autres compléments alimentaires ne sont nécessaires que dans la phase de transition/guérison.